Finalement, il n’y a pas que les citoyens ordinaires qui s’interrogent sur la pertinence et l’opportunité de la sortie médiatique du ministre de l’Energie. Interrogé par notre rédaction, le président du Conseil national des organisations de la société civile de Guinée (CNOSCG) est également ahuri par les propos de Cheick Taliby Sylla. Dansa Kourouma trouve la communication du ministre de l’Energie d’autant plus inappropriée que le secteur qu’il gère a de sérieux problèmes de gouvernance.
Ceci étant, le président du CNOSCG replace la sortie du ministre Cheick Taliby Sylla dans le cadre général d’une communication du gouvernement qui, à ses yeux, est « très désarticulée ». Mais pour ce qui est du cas spécifique du ministre de l’Energie, Dansa Kourouma est d’autant plus déçu que ce que ce dernier a dit est à l’opposé de la réalité. « Nous sommes à peines capable de couvrir les 30 % des besoins en milieu urbain », rétorque-t-il. Par ailleurs, à ses yeux, le ministre aurait mieux fait d’admettre que la Guinée est « parmi les 4 pays africains où le déficit énergétique est le plus grand ».
« Je crois qu’il devrait s’abstenir de communiquer ainsi », suggère-t-il alors au ministre. Dans la mesure où selon Dansa Kourouma, « les actes communiquent plus que les paroles. Surtout si c’est fait avec un fond de démagogie ».
Mais selon le président du CNOSCG, si des responsables aussi haut placés qu’un ministre peuvent se permettre de telles sorties, c’est aussi parce qu’il n’y a pas toujours des structures représentant dument les consommateurs pour les interpeller et les contredire, chiffres à l’appui. « Une association des consommateurs avait été créée, mais son président, un certain Keïta, est désormais à EDG » ; mais admettant qu’une telle entité doit exister, pour notamment aider dans les « réflexions prospectives », Dansa Kourouma promet qu’il travaille dessus. « Nous travaillons à la création de l’Observatoire national de la consommation et de la redevabilité sociale », assure-t-il, en précisant que cet observatoire se penchera en particulier sur les secteurs de télécommunication et de l’énergie. Sur la question énergique qui sous-tend la sortie de Cheick Taliby Sylla, Dansa Kourouma pointe davantage la gouvernance. « Ce secteur, du point de vue politique et en termes d’allocations budgétaires, a reçu tout l’accompagnement nécessaire. C’est dans la gouvernance que le bât blesse », fustige le président du CNOSCG
Propos recueillis par Boubacar Sanso BARRY